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Lewis Trondheim : les choix de nos auteurs

Affirmer que Lewis Trondheim est « prolifique » relève de l’euphémisme. Naviguer au sein de sa bibliographie peut à cet égard s’avérer périlleux : par où commencer, qu’est-ce que quoi, ah oui c’est vrai il a écrit celui-là aussi? Évidemment, nous pourrions vous inviter à commencer par vous procurer Capharnaüm, publié par les éditions Pow Pow, qui sera disponible dans toutes les bonnes librairies québécoises dès le 27 janvier. Mais quelques-uns de nos auteurs ont bien voulu vous proposer leurs coups de coeur, question d’ouvrir le débat un peu et de célébrer l’influence de l’auteur sur leur propre travail.

la_moucheBlonk
La mouche
(Seuil)

La mouche. Un petit insecte, mais un grand classique muet, en noir et blanc. Malgré le temps qui passe, cette œuvre me fait rire à chaque lecture. Les points de vue hallucinants, qui changent sans cesse d’une case à l’autre et les jeux de perspectives me donnent l’impression d’être le petit insecte et de voler en zigzag à la recherche de détritus. J’adore la simplicité du découpage et l’efficacité du dessin, qui me rappellent Mattioli, dont le Pinky a bercé mon enfance. Less is more.

approximativementLuc Bossé
Approximativement
(Cornélius)

Approximativement est souvent le premier album que les gens mentionnent lorsqu’on leur demande quel est leur album préféré de Trondheim. C’est également ma réponse. C’est probablement grâce à ce livre que je fais de la bande dessinée aujourd’hui. Il m’a ouvert les yeux sur un type de bande dessinée différente.

universPierre Bouchard
Les aventures de l’univers
(Dargaud)

J’ai découvert Les aventures de l’univers après avoir lu toutes les fabuleuses aventures de Lapinot. J’ai adoré les questionnements existentiels, le cynisme bourgeois bohème de ce drôle d’oiseau. Je me souviens d’avoir partagé ce livre avec les amis et qu’il fut adopté à un point tel qu’une amie l’avait en permanence dans son sac, comme une bible.

alieenCathon
A.L.I.E.E.N.
(Gallimard)

A.L.I.E.E.N. – ou Anthropologie de Littérature Infantile Extraterrestre Égarée Négligement – m’a été offert à Noël par ma petite soeur. J’avais alors 19 ans et j’avais tout récemment dévoré toutes les Aventures de Lapinot que j’avais pu trouver à la bibliothèque. A.L.I.E.E.N. est immédiatement devenu mon Trondheim préféré (avec, peut-être, Le Dormeur) et je le lirais bien à mes hypothétiques futurs enfants s’il ne contenait pas le passage des branches d’arbres enfoncées dans les yeux, ni ceux de l’inondation de caca, de la petite créature mignonne tuée à coups de bâtons, du poussin empalé, et de la bibitte rose qui rentre dans l’espèce de chien bleu et qui sort son oeil par son trou de pet.

desoeuvreFrancis Desharnais
Désoeuvré
(L’Association)

Je relis Désoeuvré fréquemment, afin d’identifier avec précision le moment où je serai un auteur de bande dessinée has-been, dépressif et vidé de son originalité. C’est presque un guide pratique, en fait.

Michel Hellman
Lewis Trondheim : Live au Cégep du Vieux
(Productions Jimmy Beaulieu)

Lewis Trondheim a eu une grande influence sur mon travail par l’ensemble de son œuvre, et je ne peux donc pas penser à un album en particulier qui m’a marqué plus qu’un autre. C’est mon cousin français qui m’avait fait découvrir ses BD à la fin des années 90 et j’ai tout de suite été séduit par son style et son approche si innovatrice. Mais c’est lorsque je l’ai entendu donner une conférence à l’atelier de Jimmy Beaulieu au Cégep du Vieux Montréal il y a quelques années que je me suis senti réellement inspiré par sa démarche. En parlant de son travail, de sa méthode, il a réussi à me montrer tout le potentiel de la BD, mais aussi son côté accessible. C’est un auteur qui réussit à transmettre à ses lecteurs l’envie de créer et sa motivation est contagieuse…

atomiqueAlexandre Fontaine Rousseau
L’accélérateur atomique
(Dargaud)

Dans L’accélérateur atomique toutes les ficelles les plus démesurées et les codes les plus éculés de la « bonne vieille bande dessinée de notre enfance » sont récupérés et détournés, avec un parfait mélange de dérision et d’affection. Cet album là respire le plaisir de jouer avec une forme établie, de s’amuser à la débobiner jusqu’au bout. On pourrait difficilement imaginer un plus bel hommage irrévérencieux à Spirou et à la méthode Franquin.

slalomsAlexandre Simard
Slaloms
(Dargaud)

Quand j’ai lu Slaloms, je sortais de l’université. J’avais étudié en cinéma. Les profs nous assommaient tous du même conseil: « Écrivez ce que vous vivez ». Ils voulaient revivre leur jeunesse par procuration. Si possible, avec du sexe. Ma vie à moi n’était ni dramatique ni sexuelle. On jouait à NHL 95. On sortait dans les bars, mais seulement à l’heure où il n’y avait plus de cover charge. On dansait, on regardait les filles. C’était peu, mais c’était notre vie. Et j’avais quand même envie de la raconter. J’imaginais que ça donnerait quelque chose entre Linklater et Rohmer. Quand j’ai lu Slaloms, j’ai imaginé que ça pourrait aussi donner quelque chose comme ça. lapinot72 est devenu un de mes nicknames sur Internet. Et presque quinze ans plus tard, j’ai écrit une bande dessinée.

Geneses_apocalyptiquesZviane
Genèses apocalyptiques
(L’Association)

J’ai lu ce livre-là quand j’étais ado, je crois. C’était tellement simple, mais c’était tellement ça. Tout d’un coup, je sentais que c’était peut-être possible pour moi aussi, moi qui n’avait pas beaucoup de moyens en dessin, de faire de la bande dessinée qui fasse réfléchir.

petits_riensPascal Girard
Les petits riens
(Delcourt)

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